La tradition orale d'Irlande

Oratoire de Saint Guirec

La tradition orale irlandaise est avec la tradition galloise, la plus ancienne de toutes les nations celtes. Elle est aussi la mieux documentée, à toutes les époques ou presque, depuis le Haut Moye-Âge, et de façon continue. Elle est aussi, avec la tradition écossaise, la seule à être demeurée vivace depuis ses origines (malgré il est vrai une large interruption de la transmission d'une grande partie des récits qui nous sont connus, à différentes époques).

Les récits épico-mythologiques et dynastiques transcrits au Moyen-Âge fournissent une matière sans équivalent dans l'Europe du Nord et de l'Ouest, sauf, dans une certaine mesure, dans le monde scandinave. Plusieurs cycles de récits méritent d'être distingués à cet égard :

* Le Cycle d'Ulster, plus ancien et plus vaste cycle épique de l'Irlande ancienne, il narre les exploits, heurs et malheurs des héros de la Branche Rouge, confrérie de héros servant l'ancien royaume d'Ulster, au premier rang desquels le fameux Cuchulainn, l'Achille des Irlandais

* Le Cycle ossianique qui dit les exploits souvent incroyables, toujours poétiques, de Finn MacCumhall et de ses compagnons, les Fianna. Le nom de ce cycle fait référence à Oísin, "faon", le barde des Fianna, figure majeure de la culture écosso-irlandaise, popularisée par James Macpherson dans ses célèbres poèmes. Sorte d'ordre chevaleresque avant l'heure, les Fianna sont un peu l'âme de l'Irlande ancienne, son incarnation narrative, entre drôlerie, bravoure, fantastique et poésie. Ces récits sont d'une incroyable diversité ; les plus anciens nous sont connus depuis le Moyen-Age, mais ils continuent à être transmis de façon orale dans l'île Verte.

* Le Cycle des Rois, est un cycle dynastique plus récent que les deux précédents, mais contenant des récits qui font écho aux autres cycles de l'Irlande ancienne.

Enfin, comme en Bretagne, l'avènement du romantisme et plus tard de ce que l'on appelle communément "la Renaissance Irlandaise", a permis à la matière orale populaire de gagner aussi ses lettres de noblesse. La toute jeune Répblique d'Irlande, sous l'impulsion conjointe de deux folkloristes de génie, à savoir le SEntrée du tumulus de Gavrinisuédois Carl Wilhelm von Sydow, et l'Irlandais Séamus Ó Duilearga, à mis à l'honneur sa tradition orale comme aucun autre pays avant elle. De leurs efforts est d'abord né l' "Irish Folklore Institute" (1930-1935), et de là, la célèbre "Irish Folklore Commission" (Coimisiún Béaloideasa Éireann) (1935-1971) - deux institutions sans équivalent en Europe ou dans le monde, et qui ont effectivement embrassé le collectage de la tradition orale irlandaise comme une cause d'intérêt national.

Outre ces deux vénérables institutions, on doit aussi mentionner les collectages de William Butler Yeats, de Douglas Hyde, et les merveilleuses traductions-adaptations de récits irlandais anciens publiés par Lady Augusta White.